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d’eau, et, devant cette table, un monsieur, qui était le conférencier.

Sarcey nous raconte que cet orateur fut exécrable, mais que la représentation obtint un succès considérable. Le public, bon enfant, spontané dans ses manifestations, marquait ainsi son plaisir et aussi son désir de s’instruire des beautés de l’art. Il y avait donc quelque chose à faire dans ce sens, et véritablement l’idée originale de Ballande n’était point à dédaigner. La collaboration de Sarcey fut la première conséquence de ce beau succès.

Vinrent ensuite les terribles événements de 1870 et l’affreuse tourmente de la Commune. Au lendemain de cette pénible période, Ballande reprit la série des conférences dominicales, et la foule accourut nombreuse à ces vêpres laïques, suivant l’heureuse et pittoresque expression de Sarcey. L’engouement du public pour ces matinées théâtrales, toujours précédées d’une causerie, était devenu tel que les artistes eux-mêmes s’empressaient auprès du créateur de l’œuvre pour obtenir la faveur de jouer devant le public du dimanche.

Du côté des conférenciers, le même goût se manifestait très vif, et nous pouvons citer des noms, aujourd’hui célèbres à divers titres, tels que ceux de La Pommeraye, Albert Delpit, Émile Deschanel, Paul Féval, Hippolyte Maze, Ernest Legouvé, sans omettre Francisque Sarcey, qui innova une manière d’être du conférencier absolument personnelle. Ernest Legouvé fut, en réalité, le maître de la conférence par sa façon inimitable de bien dire, qui enthousiasmait le public. Chacune de ses confé-