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heurta, tout d’abord, à un refus absolument catégorique. Taine, Weiss, Deschanel, n’avaient point réussi complètement dans ce genre, et cependant leur talent était universel. L’insistance doucement persuasive de Yung sur son ancien condisciple eut raison de ses derniers scrupules, et les deux amis tombèrent d’accord. Sarcey promit de traiter de « la Convention au théâtre » [1].

II

Le succès de Sarcey fut prodigieux. Nous verrons plus loin quelles causes originales le déterminèrent.

Nous sommes en 1869. Personne, à cette époque, ne songeait à la possibilité d’organiser des matinées, le dimanche, dans les théâtres. Un homme, absolument inconnu du grand public, eut alors cette idée véritablement géniale. Ancien élève du Conservatoire, Ballande avait joué à côté de la grande Rachel, et l’avait accompagnée dans ses tournées à l’étranger. Il était de tempérament froid, quoique né dans le Midi, et raisonnait posément, avec une profonde conviction.

Entièrement pénétré de son idée, Ballande se présenta un jour chez Sarcey et lui narra longuement son projet de louer la salle de la Gaieté, les après-midi des dimanches d’hiver, pour y jouer les chefs-d’œuvre classiques. L’objection du peu d’empressement que mettait

  1. Nous avons consulté, pour ce travail, un article de M. Édouard Langeron, paru dans la Revue Bleue du 24 décembre 1898, et les « Souvenirs », de Francisque Sarcey, publiés dans la Revue Bleue en 1890-1891.