– Il est là.
– Alors, vous allez me mener vers lui…
– Pas aujourd’hui, ma chère.
– Mais quand le verrai-je ? Je ne puis pas sortir quand je veux. Ma sœur est toujours sur mes talons. À propos, j’ai ma robe, mais je n’ai pas de gants. Je voudrais bien une montre aussi.
– Voici les gants.
Madame Antoine tendit à l’enfant des gants fanés, dans lesquels celle-ci introduisit avec un sourire la plus jolie main du monde.
– Qu’elle est belle ! disait le littérateur derrière le rideau. Et jeune !
– Dix-sept ans, bientôt. La voulez-vous ?
– Taisez-vous donc ! Tout cela me fait froid.
– Et moi donc ! C’est pour cela que je la choisis. Après l’odieux d’une telle prostitution, que penser de cette fille ? Regardez-la ! Elle est tranquille, elle rit ; elle est venue tranquillement, sans pudeur, s’offrir à un homme qu’elle n’a jamais vu. Oh ! elle n’a pas de cœur,