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qui le remplissait à moitié, était encombrée, selon l’usage, d’un fouillis d’objets divers : robes, coupons de dentelles et d’étoffes, bibis éraillés, chaînes et boucles de chrysocale, camées fêlés, etc.… Une cloison vitrée, mais dont les carreaux étaient cachés à l’intérieur par d’épais rideaux, séparait cette première pièce de la seconde, qui n’était pas beaucoup plus grande, mais qui en revanche était beaucoup mieux tenue. Là s’ouvraient de vastes armoires remplies d’objets de prix : étoffes ou bijoux. Un divan à demi circulaire entourait un guéridon sur lequel étaient posées une cave à liqueurs et une boîte de cigares de la Havane. C’est dans cette pièce que se traitaient les affaires sérieuses ; c’est là que les clientes voyaient pour la première fois les clients. La présentation était courte : – Voici, disait madame Antoine, mademoiselle qui me doit tant. Voici monsieur qui vous porte de l’intérêt. Pas de noms propres, ce n’était pas le lieu. – Pas de circonlocutions ! Madame Antoine ne se donnait pas la peine de poser pour la galerie, comme font la plupart des marchandes à la toilette : elle ne parlait ni des grandes dames à qui elle avait prêté sur gages, ni des