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était à peindre, ses yeux ne quittaient pas la musicienne. Il était là, immobile, ne trouvant pas un mot à dire. Qu’elle est belle ! murmurait-il, le soir, en s’en allant, avec Fanfan ! – Oui, mais ta sœur est encore mieux ! répliquait le Mâconnais. – Antoinette mettait franchement sa petite main dans la main brunie des compagnons, et sans craindre de froisser sa robe, elle embrassait son père à chaque instant. Elle tenait de Michel Baldi, la brave enfant, et non de sa mère. Elle se souciait peu des grandeurs et elle se trouvait dans son milieu, lorsqu’elle mettait le pied dans cette forge, parée pour elle de toutes sortes de charmes, – dans cet atelier où on l’admirait et où on l’aimait, où les compagnons l’accueillaient de leurs voix joyeuses, où son père, la montrant, disait : C’est ma fille ! du ton dont il aurait dit : C’est la reine de Saba !

Elle aimait surtout Pierre, si doux, si complaisant, si bien pour un artisan. Madame Baldi avait remarqué cette préférence. Et voilà pourquoi elle laissait partir l’ouvrier. Voilà pourquoi, lorsqu’il parut, donnant le bras à sa fille, et suivi de l’inséparable Fanfan, les lèvres tendues de la forgeronne laissèrent