Page:Rattazzi - Le piège aux maris, 1865.djvu/39

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pour un être au monde. Chez la forgeronne un sentiment absorbait tous les autres : l’amour de sa fille !

Entendons-nous !

Madame Baldi était la fille d’un pauvre ouvrier de province, brave homme, aussi naïf que brave, ayant épousé une femme paresseuse et coquette, dont il ne payait pas seul les robes et les bonnets. Il avait fini par être humilié des toilettes de sa femme, mais n’ayant pas le courage de rompre avec elle, l’aimant peut-être, il avait demandé au vin des consolations et l’oubli de ses chagrins. D’abord, il avait bu, pour s’étourdir, affirmaient les bonnes âmes ; ensuite et surtout, parce qu’il trouvait le vin bon, prétendait sa femme. Toutes avaient raison.

L’enfant avait grandi, un peu abandonnée à elle-même par suite de ces deux vices. La mère courait le guilledou, comme on dit, et le père ne quittait pas les cabarets. Elle avait fait son éducation toute seule, en observant et en réfléchissant. À douze ans, Rosalie (c’était son nom) avait jugé ses parents et chiffré sa vie. Elle s’était promis de vivre en honnête