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le vieillard.

Et si tu t’es trompé ? si tout n’est que fumée,
La liberté, le droit, comme la renommée,
Si le ciel n’ouvre-pas, lorsque la Mort nous prend ?

le jeune homme.

Eh bien, j’aurai vécu du rêve le plus grand !
Même à défaut du ciel j’aurai ma récompense
Tant que je sentirai cette âme en moi qui pense,
L’âme où Corneille a mis son empreinte de feu
Et moulé mon néant sur le rêve de Dieu !

le vieillard.

Tu parles en héros ; mais ton cœur est de pierre.
Sur terre, quand la Mort a fermé ta paupière,
N’avais-tu rien laissé qui te donnât regret ?

le jeune homme.

Hélas !

le vieillard.

Hélas !N’avais-tu pas quelque tendre secret ?
Une femme là-haut pleure : ô douleur amère !