Jamais elle n’a tant aimé son amie. Elle en a les larmes aux yeux :
— Antoinette, je ne pourrai jamais t’oublier. Jamais…
— …(Elle sent donc qu’elle m’oubliera ?)
— Sans toi, je ne sais pas ce que j’aurais fait dans la vie. Personne ne me comprenait comme toi. Même Robert, ce n’est pas pareil. Toi, tu venais à moi. Moi, il faut que j’aille à lui.
— C’est bien pour ça que tu l’aimes davantage…
— Oh ! non, ne dis pas ça, pas davantage, autant. Et puis, ça n’est pas la même chose, on ne peut pas comparer. Il faut me croire, Antoinette.
— Je te crois. Ne pleure pas, petite gourde. Tu vas te faire enfler les yeux.
— Ça… ça m’est égal. Ça me fait du bien. C’est ce départ qui m’énerve, vois-tu. J’aurais mieux aimé rentrer avec toi.
— Oui, moi aussi, mais il vaut mieux donner le coup de bistouri maintenant. Sur le moment, ça fait mal. Après, l’on est content.
— Oh ! oh ! hoquète la petite, submergée par un torrent d’émotions, tu te rappelles, le départ de Mowgli… le soir où on a joué… Qu’est-ce que tu disais déjà ce soir-là ? Je ne sais plus, mais c’était tellement triste…
— Allez, allez, calme-toi. Mowgli, c’est de la frime.
— Oui, mais nous… c’est pour de bon.
— Essuie tes yeux, personne n’est mort.
— Dis, on se reverra bientôt, Antoinette ?
— (Ah ! elle a senti…) Mais bien sûr qu’on se reverra, mon chéri.