obéi, comme une petite fille bien sage à sa maman ?
— Ce n’est pas cela, proteste Annonciade un peu vexée. Mais j’ai pensé qu’elle avait raison.
— Pourquoi ? Elle n’a pas nécessairement raison. Vous êtes seule juge de ce qui vous convient. Il faut apprendre à penser par vous-même, petite enfant. Dans la vie, vous n’aurez pas toujours Antoinette sur vos talons. Hein ?
Oh ! le charme de cette voix, qui parle de la vie, qui prononce le mot magique avec une autorité douce, un peu moqueuse, de professeur qui en sait long.
— Vous ne répondez pas ?
Que répondrait-elle !
— Moi, je ne suis pas du tout de l’avis d’Antoinette. Je crois que cette coiffure vous irait très bien. Réfléchissez, et vous verrez que c’est moi qui ai raison.
Réfléchissez ! Comme si elle était en état de réfléchir ! Comme s’il y avait place pour un atome de réflexion dans sa tête bourdonnante, folle comme un clocher le jour de Pâques !
— Et puis, vous allez me promettre une chose, petite fille. Regardez-moi.
— À quoi ça sert ? répond une petite voix grelottante, qui essaie de rire. Il fait noir.
— Ça ne fait rien, si vous ne me voyez pas, moi je vous vois. Tenez, je lis dans vos yeux à travers l’obscurité.
Le grelot éperdu tinte à nouveau :
— Et qu’est-ce que vous lisez dans mes yeux ?
— Je lis que vous êtes une enfant adorable, très bonne, très douce, très sensible… Un petit