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LA MAISON DES BORIES

— Quoi ? Quoi ? Qu’est-ce qu’y a ? C’est toi. Ma Gentille ?

— Non, dit Amédée en inclinant son visage pâle au-dessus du lit. C’est moi.

L’enfant recule silencieusement dans le fond de la ruelle. Isabelle fait trois pas vers lui, avec un bruit sourd de ses pieds nus sur le parquet. L’ombre de la branche, secouée par le vent, danse en mesure sur le mur éclatant.

— Petit misérable, dit Amédée, les dents serrées, il ne te manquait plus que ça, d’aller écouter aux portes, comme un domestique ! qui a écouté ce que je disais à ta mère à propos d’une lettre que j’avais reçue de la mère d’Anne-Marie ? Ce n’est pas toi, hein ?

— Naturellement que c’est moi, marmotte Laurent, papillotant des paupières et dodelinant de la tête.

Il a perdu dans le sommeil sa violence de jeune bête sauvage. Il a l’air de dire :

— Ah ! finissons-en tout de suite et qu’on puisse dormir !

— Naturellement que c’est moi, répète Amédée en imitant son ton traînant. Mais qu’est-ce que c’est donc que cet enfant-là ? s’écrie-t-il dans une explosion de rage désespérée. Mais d’où vient-il ?

— De vous, mon cher ami, réplique Isabelle, glaciale. Si je m’en souviens, croyez bien que ce n’est pas pour mon plaisir.

Amédée recule, comme frappé à la poitrine. Puis d’un mouvement de balancier, il revient vers Laurent.

— Tu vas te lever tout de suite et t’en aller coucher là-haut, dans la chambre carrelée, tu m’as compris ? Tu y coucheras toute la semaine. Et si tu recommences jamais à écouter aux portes, je t’envoie dans une maison de correction, tu m’entends ? Allez, file, et ne re-