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LA MAISON DES BORIES

— Ah ! ça vous fait rire ? Est-ce que vous rirez toujours quand je vous traînerai devant les tribunaux ? Est-ce que vous rirez toujours quand on vous enlèvera les enfants pour me les donner, à moi ? Ah ! vous dressez l’oreille, tout de même ! Est-ce que vous croyez que ce n’est pas suffisant, une lettre comme celle-là pour vous faire condamner, à défaut du reste, mais le reste, patience ! j’y arriverai. Vous croyiez avoir affaire à un imbécile, mais vous n’y avez vu que du feu ; pour une fois, ma chère, c’est bien votre tour. Et l’imbécile se défendra. Ah ! vous croyez qu’on peut tout faire impunément, que c’est le règne du bon plaisir et de la rigolade et vive l’anarchie ! n’est-ce pas, à la lanterne on les pendra, tous les maris tous les cocus, tous les gêneurs, tous les empêcheurs de danser en rond ? Eh bien ! je le regrette pour vous, ma petite, mais nous n’en sommes pas encore là. Il y a encore des lois en France, et des tribunaux pour enlever leurs enfants à une mère indigne qui n’a jamais su les élever, et des gendarmes pour exécuter les sentences, et vous pourrez rire à ce moment-là, si ça vous fait plaisir. Qu’est-ce que vous dites ?

— Rien.

— Vous avez entendu ce que je viens de dire ? Vous avez bien compris ?

— Mais oui. Il y a des lois en France, il y a des tribunaux pour enlever leurs enfants à une mère indigne qui n’a jamais su les élever, comme moi, et les donner à un tendre père qui sait admirablement les élever, comme vous, il y a des gendarmes pour exécuter les sentences… Qu’est-ce qu’il y a encore ? Ah ! il y a que le règne du bon plaisir et de la rigolade. C’est étonnant comme vous peignez ressemblant, Amédée.

— Vous ne me croyez pas capable de mettre mes menaces à exécution, peut-être ?

— Oh ! mais si, répondit Isabelle en soulevant pai-