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LA MAISON DES BORIES

« Je ne vois plus rien à te dire pour l’instant et j’embrasse bien fort ton museau chéri et surtout reviens vite.

« Laurent. »

« Z’Amie chérie,
« Mon âme va vers toi,
« Plaintive et mon cœur aux abois,
« Écoute les échos qui me parlent de toi.

« C’est des vers que je t’ai faits hier soir dans mon lit et je les trouve jolis. Et toi ? Pour le moment, j’en trouve pas d’autres, mais ça fait rien je te les envoie quand même.

« Attends, voilà une guêpe qui vient d’entrer dans la remise, on va la chasser. Ça y est je reprends ma lettre on lui a fait peur avec un vieux journal. On t’écrit dans la remise pour être tranquille, pasque Mlle Estienne veut toujours qu’on t’écrive ce qu’elle veut. Tout à l’heure elle voulait que je t’écrive docteur à la place de médecin (médeçin), zut pour la cédille je sais jamais s’il en faut ou pas.

« On est toujours très sages pour que tu sois contente, On est des vrais ratiflous et même des gueurnipilles comme tu dis. C’est Laurent qui nous coiffe le matin le Corbiau et moi pasqu’il a peur que Mlle Estienne nous tire les cheveux et lui il fait bien attention de pas nous tirer et après il se lave les mains au vinaigre à la framboise en faisant pouèh, pouèh, ce que c’est dégoûtant ces cheveux de fille ça sent le vieux mouton. Enfin quoi toujours le même z’animal !

« Papa va bien, on le voit pas souvent pasqu’il travaille après son livre, mais quand on le voit il est très aimable, ne te tourmente pas. On a déjeuné tous ensemble dimanche et Laurent a été très gentil et il a attrapé toute la mie de pain que je lui passais sous la table, pour pas la manger et papa a rien vu, heureusement.