Page:Ratel - La Maison des Bories.pdf/232

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
226
LA MAISON DES BORIES

fille, mais que ton idée ne me paraît pas réalisable, car nos occupations sont divergentes, excepté quand nous jouons aux dames ou aux échecs, ce qui me fait beaucoup de plaisir.

« Ou bien alors veux-tu dire, comme la tournure de ta phrase le signifie en effet, que tu désires me tenir compagnie en ce moment même, à l’endroit où nous sommes ? Mais alors je te réponds que ton vœu est exaucé, puisque nous sommes ensemble et que tu me tiens justement compagnie. As-tu compris ? »

Elle le regardait d’un air surpris et appliqué. Enfin, elle secoua la tête, ouvrit la bouche et répondit :

— Ça ne fait rien.

Ce qui n’était pas une réponse, ainsi qu’Amédée le lui fit observer. Mais il n’en put rien tirer d’autre, sinon, au bout d’un moment, cette question digne de M. de la Palisse :

— N’est-ce pas qu’on aime beaucoup mieux avoir quelqu’un avec qui on s’entend bien, pour vous tenir compagnie, que quelqu’un avec qui on s’entend mal ?

— Évidemment, dit M. Durras, en riant.

— Et de toute la maison, c’est moi, n’est-ce pas, onde Amédée, avec qui vous vous entendez le… plus bien ?

— On dit : le mieux. Mais serais-tu vaniteuse ?

Elle eut de nouveau l’air surpris. Amédée sourit pour lui montrer qu’il plaisantait. Au fond, il était heureux et secrètement flatté de la peine qu’elle prenait pour lui plaire. Et il se disait que si tous les enfants ressemblaient à cette petite fille-là, il aurait beaucoup de plaisir à s’occuper des enfants.

— Maintenant, dit Mlle Estienne, nous allons écrire à petite mère, qui est toute seule à Paris, dans son lit. Pauvre petite mère !