Page:Ratel - La Maison des Bories.pdf/183

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


XII


Lise avait deviné juste. M. Durras rentrait content. Pareil à ces collégiens qui n’aiment le collège que durant les vacances, il regrettait la vie de famille aussitôt qu’il en était privé.

Pourtant, cette période de service militaire avait passé plus vite qu’il ne l’aurait cru, grâce à un petit quelque chose qui lui avait donné beaucoup de satisfaction.

Le petit quelque chose possédait en propre un nez court et très blanc, qu’un drôle de mouvement de physionomie abaissait du bout et dilatait des narines comme celui d’un chien qui flaire le gibier, au-dessus d’une grande bouche mollement ondulée, mais d’un rouge saisissant qui la rendait visible d’aussi loin qu’un signal d’aiguillage.

Et, ma foi ! peut-être bien qu’il la reverrait, car elle avait éveillé en lui, certainement, plus qu’un désir banal. Elle était si sentimentale ! Elle avait eu tant de chagrin de le quitter ! C’était, au fond, une nature idéaliste qui n’avait pas la vie qu’elle méritait, comme bien d’autres. Une petite femme déclassée qui aurait fait une excellente épouse, au fond, si elle avait trouvé un homme capable de la comprendre. Elle était pleine de bons sentiments, délicats, désintéressés. Elle l’avait mené chez le meilleur confiseur de la ville pour choisir des bonbons pour les enfants et avait paru si étonnée quand il lui en avait offert