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LE RAISIN VERT

« Toujours tout expliquer, murmura-t-elle avec humeur. Quelle barbe ! J’en ai assez, à la fin. Et s’il me plaît de ne pas rentrer, est-ce que ça regarde quelqu’un d’autre que moi ? »

En descendant l’escalier, elle se dit qu’elle devenait vraiment insupportable. Puis elle prit sa course pour rejoindre Lise, qui s’était cachée au fond du vestiaire avec Cassandre et Marcelle Bopp. Maintenant que la surveillante avait emmené les dernières élèves, on entendait des pas glissés sur le pavé de mosaïque et la voix garçonnière de Marcelle Bopp qui comptait tout haut : « Un, deux, trois, quatre… Non, Cassandre, tu ne tiens pas Lise assez serré. Tu ne danseras jamais le tango proprement si tu ne tiens pas ta danseuse corps à corps… »

M. Durras et son fils se précipitèrent ensemble pour ouvrir la porte, au coup de sonnette des deux petites. Leurs visages sévères apparurent côte à côte dans l’encadrement.

— Vingt minutes de retard, dit Amédée. Vous trouvez que c’est admissible ?

— Excusez-nous, mon père, répondit Lise d’une voix de théâtre, le train de midi nous a filé sous le nez. Charmée de vous voir, mon frère. Comment allez-vous tantôt ?

— Ouste ! grogna Laurent en les débarrassant de leurs serviettes. Allez vous laver les mains et en vitesse. Qu’est-ce que vous avez fait pour manquer le train de midi ?

— La noce, chantonna Lise, la nôôce, la noce ! Pends-toi, graine d’Othello, face de Maure ! Irréparable outrâ-âge… Allons nous laver les mains, Corbiau, mon brave mangeur d’hommes. Porte mon cœur tout chaud… Laurent, si tu me pinces encore