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ront-ils pas le bel hiver mourir en paix ?

Cependant, les pentes du nord restaient blanches, dernier rempart. En quelques heures, tout a changé : le vent apaisé, le soleil disparu, on s’est trouvé au centre d’un enveloppement de nuages jaunâtres, fourmillants de points gris. Et pendant deux jours il a neigé : de la bonne neige de Mars, en flocons serrés, ronds et fins, grésillants. Elle a nappé le sol, encapuchonné les arbres : on ne voyait même plus dans les branches la flamme rousse des pommes de pin.

Le paysage tout blanc est frais comme la mer que l’on retrouve. Une joie oubliée bondit dans le sang. C’est aujourd’hui qu’il faut monter jusqu’au col où le vent souffle si fort qu’il vous plaque contre la cabane de bois et de pierre sèche, les oreilles pleines de cloches et les dents