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à un niveau de vie suffisant pour permettre le développement général de l'enfant (Déclaration du Comité des droits de l'enfant à la deuxième Conférence des Nations Unies sur les établissements humains (Habitat II) (CRC/C/50, annexe VIII).). Le Comité a également rappelé l'importance de l'universalité et de l'interdépendance des droits de l'homme, et a décidé d'apprécier la façon dont le droit au logement des enfants est mis en oeuvre à la lumière de l'application des principes généraux de la Convention, à savoir le droit à la protection contre la discrimination (art. 2), l'intérêt supérieur de l'enfant (art. 3), le droit à la vie (art. 6) et le droit de participation (art. 12).

128. Le logement des personnes très pauvres, lorsqu'elles en ont un, est caractérisé par sa précarité. Constructions faites à l'aide de matériau de récupération ou de mauvaise qualité, dépourvues d'eau potable, de système d'assainissement et d'électricité, ou immeubles sociaux de qualité médiocre, ces habitations sont souvent situées dans un environnement malsain, à proximité de zones industrielles polluantes, de voies ferrées. Dans une grande métropole occidentale, sur un mur qui sépare une cité très pauvre d'une voie ferrée à grande vitesse, on peut lire sur une plaque : "A la mémoire des 11 enfants de notre cité victimes de l'incompréhension de la société. Ils ont payé de leur vie l'absence de ce mur réclamé pendant 13 ans".

129. L'insécurité des conditions de logement des très pauvres peut aussi provenir de mesures d'expulsion légale ou arbitraire ou de l'impossibilité de payer régulièrement un loyer, même minime.

130. Les habitations des très pauvres sont presque toujours éloignées des services de base ou situées dans des hameaux très isolés dans la montagne ou la campagne. Un médecin engagé avec des populations très pauvres témoigne : "Une fillette est venue au dispensaire du village chercher un médicament. Elle a attendu longtemps et patiemment qu'on le trouve. Juste avant de repartir, elle m'a dit qu'elle devait se dépêcher de rentrer, car il n'y avait qu'une seule paire de chaussures pour elle et sa mère et c'était elle qui l'avait prise pour aller au village. Et le chemin était très long entre le dispensaire et la montagne où elle habitait."

131. Dans ces conditions(Voir à ce sujet le document de travail présenté par M. Rajindar Sachar sur le droit à un logement convenable (E/CN.4/Sub.2/1992/15).), la vie des familles très pauvres est caractérisée par l'instabilité et parfois l'errance, car bien des situations montrent qu'elles perdent plus fréquemment que d'autres la sécurité de base qu'est le logement.

132. Les mauvaises conditions de logement ont, en outre, une grande incidence entre autres sur la santé et l'emploi. Un homme d'Asie décrit la situation fort bien en ces termes : "Notre vie est une vie d'errance. On va de taudis en taudis, vivant près de décharges, sous des ponts ou dans des cimetières, ou même dans la rue. Quand on vit dans ces conditions il est extrêmement difficile de se faire soigner. De plus il faut faire des petits travaux particulièrement pénibles et durs pour la santé."

3. Le droit à l'éducation

133. L'article 26 de la Déclaration universelle consacre le droit de tout individu à l'éducation et en exige la gratuité "au moins en ce qui concerne l'enseignement élémentaire et fondamental". Ce droit est également consacré de manière plus détaillée encore par les articles 13 et 14 du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels. Il constitue un domaine