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plus déshéritées de la population, le progrès - la richesse en particulier - tend à se concentrer dans les secteurs les plus nantis et ne s'infiltre pas vers les couches inférieures avec la même facilité. C'est pourquoi l'Organisation des Nations Unies, durant la quatrième Décennie pour le développement, propose comme stratégie internationale, un style de développement ayant une base large dans lequel "le progrès économique est réparti aussi largement que possible" entre tous les secteurs de la société.

78. Le développement doit lui aussi être "durable" c'est-à-dire que la satisfaction des besoins actuels doit se faire grâce à une utilisation rationnelle et adaptée des ressources naturelles existantes sans compromettre l'approvisionnement et l'avenir des générations futures. D'où l'accent mis actuellement sur l'équilibre écologique, la préservation de l'environnement, etc., comme condition sine qua none pour que les bénéfices du progrès se maintiennent et que le développement soit durable.

79. Comme cela a déjà été dit dans de très nombreuses résolutions du Conseil économique et social, de la Commission des droits de l'homme et de la Sous-Commission de la lutte contre les mesures discriminatoires et de la protection des minorités, la participation de la population à la prise des décisions est un des éléments ou moteurs essentiels du développement ce qui implique, entre autres choses, qu'il soit au service des personnes, pour les personnes et par les personnes, qu'il se fasse autour des personnes et non l'inverse.

80. Bref, on pourrait dire que la notion de développement humain repose sur une compréhension beaucoup plus authentique et complète de la réalité : en effet, si c'est le véritable niveau de développement d'un pays que l'on prétend évaluer objectivement, il faut, en plus de connaître son taux de croissance économique, voir dans quelle mesure l'ensemble de sa population exerce réellement et effectivement ses droits économiques, sociaux et culturels, participe à la vie politique et jouit pleinement de la liberté.

81. Comme on pourra le voir, cette conception du développement a un double mérite : celui de placer l'ensemble des droits de l'homme au nombre des éléments indissociables du développement durable et, transcendant l'approche classique et traditionnelle de la coopération technique et économique internationale, celui d'incorporer le social et les secteurs de priorité humaine à ses principaux buts et objectifs (Voir "Nouvelles stratégies en matière de coopération internationale", rapport établi par M. Leandro Despouy pour la Conférence mondiale sur les droits de l'homme (A/CONF.157/LACRM/9).). En effet, on constate, ces dernières années, qu'en matière de coopération internationale, les ressources affectées à la santé, à l'éducation, à la justice, aux droits de l'homme en général, à la protection des enfants, des femmes, des handicapés et autres groupes vulnérables, à la sauvegarde de l'environnement, à la défense du patrimoine culturel des populations autochtones, etc., ont sensiblement augmenté (Voir "Coopération technique avec le Gouvernement paraguayen dans le domaine des droits de l'homme", document établi par M. Leandro Despouy (E/CN.4/1994/78/Add.1).).

82. Il convient de souligner, comme nous le verrons ci-après, que l'impact de ce nouveau paradigme sur les programmes et activités des divers organismes des Nations Unies est sans précédent, même si, incontestablement, il marque profondément leurs écrits.