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Nous n’avons pas le droit de les supprimer par la force. La liberté de la discussion est absolue. Les réactionnaires doivent en profiter comme les progressistes. Dans le cas contraire, c’est-à-dire quand les partisans des convictions irrationnelles abandonnent le terrain de la libre discussion, nous avons le devoir de sortir de la légalité pour répondre par la violence à la violence. Leur dignité n’est plus sacrée pour nous. La morale est suspendue. Et nous les combattons selon les règles de toute guerre. La violence engendre la violence.

3) Les hommes sans convictions. Il faut propager parmi eux la nécessité du développement progressif.

4) Les hommes qui sont empêchés par leur situation sociale de participer au développement progressif. Le devoir de tout homme conscient est de les aider par tous les moyens appropriés à conquérir les conditions nécessaires. C’est notre devoir de combattre toute société qui prive une partie de ses membres de la possibilité du développement progressif. Le prix de la victoire remportée sur une telle société ne sera jamais trop élevé, attendu qu’il s’agit de transformer des êtres vivant d’une vie purement animale en hommes conscients participant au progrès de l’humanité. Les moyens de combat pour le progrès se déterminent selon les principes de l’utilité et rien que de l’utilité. Rester indifférent dans ce combat, c’est commettre un acte immoral. Car l’abstention dans la vie sociale est aussi un acte. Un acte qui favorise toujours l’ordre établi.

Pierre Lavroff résume sa morale sociale dans la formule suivante :

Une société basée sut la justice représente une coopération de tous pour le développement progressif de tous. L’individu ne peut défendre sa dignité et se développer que dans une société bien organisée. La société ne peut être bien organisée qu’à la condition qu’elle contienne des individus développés, à convictions rationnelles.


VI

Relevons en quelques lignes les traits dominants de la morale de Pierre Lavroff.

Elle est hédoniste parce qu’elle a pour point de départ le plaisir, la jouissance et le bonheur que l’individu trouve dans son développement progressif. Elle est en même temps idéaliste parce qu’elle ne comprend pas le plaisir à la façon de l’école cyrénaïque d’Aristippe. Elle subordonne le plaisir matériel dit grossier aux jouissances supérieures de la lutte pour l’idéal.

La morale de Lavroff est individualiste en tant qu’elle a pour