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S’étonne de survivre aux maux qu’il a soufferts.
C’était peu des dangers d’une horrible tempête.
Et du bruit de la foudre éclatant sur sa tête ;
Un immense nuage, aux yeux des matelots,
Avait caché le ciel, et pesait sur les flots.
Du milieu de la nuit des flammes s’échappèrent ;
La vergue s’alluma ; les voiles s’embrasèrent :
Et chacun sur la nef, de feux enveloppé,
Comme du même trait soudainement frappé,
Moins que de l’incendie, avait peur du naufrage.
Tel gronde en vers pompeux un poétique orage.
Ce n’est point tout encore ; écoute et compâtis.
Ces craintes, cet effroi, d’autres les ont sentis.
Et les tableaux votifs suspendus dans nos temples.
D’un semblable danger nous offrent cent exemples.
Qui ne sait, en effet, que les autels d’Isis
Nourrissent parmi nous des milliers de Zeuxis7
Mais ce n’en est pas moins une cruelle chance.
Et Catulle en a fait la dure expérience.
Déjà, des deux côtés par les flots assailli.
Jusqu’au milieu des flancs le navire est rempli.
En vain le vieux nocher, déployant sa science.
De la vague en fureur combat la vidence.
Il voit l’onde grossir et le mât s’ébranler ;
Avec les vents alors il faut capituler ;
Et comme le castor, dans un péril extrême.
Pour tromper le chasseur, se mutile lui-même.
Tant du trésor qu’il porte il connaît la vertu !
Reprenant tout à coup son courage abattu,
Jetez tout, dit Catulle ; et ses mains empressées,
Dans l’abîme profond des vagues courroucées,
Lancent au même instant ces manteaux fastueux.
Des Mécènes du jour ornements somptueux.
Et ces robes de pourpre, et ces laines superbes
Que le mélange heureux et des eaux et des herbes,