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Il va chez un barbare implorer un asile,
Il arrive à sa cour, et là, noble client
Aux portes du palais assis en suppliant,
Incroyable spectacle ! il est forcé d’attendre
Qu’au roi de Bithynie il plaise de l’entendre.
Vous ne le verrez point ce génie indompté,
Ce fléau de la paix et de l’humanité,
Expiant sous nos coups sa fureur meurtrière,
Par le glaive ou les dards terminer sa carrière.
Un simple anneau, vengeur de Canne et des Romains,
Nous paiera tout le sang dont il rougit ses mains.
Cours, insensé, poursuis tes desseins magnanimes ;
De ces monts escarpés ose franchir les cimes,
Pour qu’un jour sur les bancs tes nobles actions
Deviennent des sujets de déclamations !

De l’enfant de Pella vois la douleur profonde :
Pour ce jeune insensé c’est trop peu d’un seul monde ;
Il s’y trouve à l’étroit et comme emprisonné :
Vous diriez dans Sériphe un captif enchaîné.
Babylone l’attend. Là, bornant son empire,
A tous ces vœux outrés un tombeau va suffire.
La mort seule, en montrant où la gloire aboutit,
Nous force d’avouer combien l’homme est petit.

Les vaisseaux du grand roi, si pourtant il faut croire
Aux récits mensongers d’une pompeuse histoire,
De leurs voiles jadis ombragèrent l’Athos.
De l’Hellespont entier ils couvrirent les flots,
Et d’innombrables chars, d’une course rapide,
Passèrent sans danger sur une mer solide.
Alors, dit-on, Xercès voyait dans un repas,
Les fontaines, les lacs, taris par ses soldats,
Et tout ce que Sostrate, en sa féconde ivresse,
Chante, pour embellir les fables de la Grèce.
Mais, lorsque Salamine eut borné ses succès,
Comment se sauva-t-il, ce superbe Xercès