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Qui de nous à Lucain ne donnerait sa voix,
Plutôt qu’à ce Néron, ce monstre sanguinaire,
Qui, dans un sac, avec un singe, une vipère,
Vingt fois au fond du Tibre eût dû trouver la mort ?
Oreste, poursuivi par la haine du sort,
Jusqu’au même attentat poussa la violence ;
Mais la cause du crime en fait la différence.
De ce fils égaré les dieux armaient le bras.
Égorgé sans défense au milieu d’un repas,
Son père tout sanglant lui montrait sa victime.
Mais le vit-on depuis, marchant de crime en crime,
Faire périr sa femme, ou massacrer sa sœur ?
Fut-il de ses parents le lâche empoisonneur ?
L’entendit-on jamais chanter sur un théâtre ?
Jamais d’un vil laurier follement idolâtre,
Vint-il sur Troie en cendre, y déclamer des vers ?
Vous dont l’heureux complot affranchit l’univers,
Galba, Virginius ! quel plus indigne outrage,
Pouvait contre Néron armer votre courage ?
Qu’a-t-il fait ce Néron, ce tyran détesté,
Pendant le trop long cours d’un règne ensanglanté ?
Grands et nobles exploits du maître de la terre !
Fier de ceindre son front d’une palme étrangère,
Il montait sur la scène, et l’arbitre des rois,
Sur les tréteaux des Grecs prostituait sa voix.
Triomphe, heureux Néron, et de ces nobles gages,
Cours de Domitius décorer les images ;
Consacre-lui ce masque et ces manteaux pompeux,
D’Atrée et d’Antigone ornements fastueux ;
Toi-même de tes mains place-les sur son buste,
Et suspends ta guitare au colosse d’Auguste.

Catilina sans doute était patricien ;
Et quel nom, Céthégus, plus noble que le tien ?
D’une Aine cependant de carnage altérée,
Dignes du châtiment de la robe soufrée,