Page:Raoul - Trois satiriques latins, vol 1 Juvénal, 1842.djvu/217

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Que viens-tu m’éblouir d’un édit spécieux,
Quand, devant les autels dressés par tes aïeux,
Aux pieds de la statue élevée à leur gloire,
En souscrivant un faux, tu flétris leur mémoire ?
Quand on te voit, la nuit, brûlant de feux impurs,
Sous la cape gauloise errer seul dans nos murs ?

Damasippus, le long du tombeau de ses pères,
D’un quadrige élégant tient les rênes légères ;
Il est son propre guide, et, consul indécent,
C’est lui, pour enrayer, lui-même qui descend.
Il est vrai que la nuit le couvre de ses voiles ;
Mais sa honte ne peut échapper aux étoiles ;
Mais du ciel tout entier la voûte en est témoin.
Que dis-je ? il portera l’audace encor plus loin.
Oui, qu’il ait déposé la pourpre consulaire,
Et bientôt, en plein jour, de son fouet téméraire,
Saluant, sans rougir, le plus grave vieillard,
Tu le verras du peuple affronter le regard ;
Tu le verras, malgré tous ses titres superbes,
Préparant le fourrage et déliant les gerbes,
Mortel digne en effet d’un si noble métier,
Lui-même à ses chevaux servir de palfrenier.
Vient-il, ô Jupiter, selon l’antique usage,
Comme autrefois Numa, t’apportant son hommage,
Du sang d’une génisse arroser tes autels ?
Ce n’est pas toi qu’il nomme en ses vœux solennels ?
Il n’implore qu’Hippone ou ces viles figures,
Des murs d’une écurie ordinaires peintures ;
Et quand du cabaret regagnant le réduit,
A la porte Idumée il va passer la nuit,
Le baigneur, dégouttant de ses parfums à vendre,
Accourt rempli d’un zèle affectueux et tendre,
S’incline en l’abordant, et, lui jurant sa foi,
Lui prodigue les noms de seigneur et de roi,
Cependant qu’avec grâce, d’une ardeur pareille,