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De quel zèle en sautant court cet esclave agile,
Et comme, armé d’un fer qui vole sous ses doigts,
Du grand art de son maître il observe les lois.
Certes, ce n’est pas lui qui confond la manière
De découper le lièvre ou le coq de bruyère !

 

Ose, tel qu’un Romain qui porte un triple nom,
Dire un mot seulement au banquet de Virron ;
Soudain, nouveau Cacus, frappé de la massue,
Tu seras par les pieds emporté dans la rue.
Quand Virron t’offre-t-il la coupe du festin ?
Quand, pour boire à son tour, la prend-il de ta main ?
Et qui de vous, rompant un timide silence,
Aurait assez de front, assez d’impertinence,
Pour lui dire : Buvez. Aux gens le plus hardis,
Sous un habit troué que de mots interdits !
Mais qu’un dieu plus propice, un être aux dieux semblable,
Jetant sur ta misère un regard favorable,
Du cens des chevaliers te dote en cet instant :
Comme tu vas, de rien, devenir important !
Comme déjà Virron te chérit, te révère !
— Donnez à Mamercus, vite, servez mon frère :
Servez donc Mamercus. — Ecus, divins écus,
C’est à vous qu’il s’adresse, et non à Mamercus :
Son frère, c’est vous seuls. Veux-tu, vil parasite,
Voir Virron tout à coup frappé de ton mérite,
Te saluer des noms de maître et de roi ?
Qu’il ne trouve en ta cour, folâtrant près de toi,
Ni de petit Enée, espoir de ta vieillesse,
Ni de fille plus douce encore à ta tendresse.
D’une femme stérile on adore l’époux ;
Mais il est des enfants dont il n’est pas jaloux.
Que ta jeune Mycale, en un jour trois fois mère,
Verse à la fois trois fils dans le sein de leur père,
Il se réjouira de sa fécondité.
Et caressant ton faible avec dextérité,