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dont il fut l’objet, et qu’il ne se laisse pas entraîner à des actions qui les feraient cesser.

Il veut bien, lui fait-on dire, nous accorder par sa volonté royale une Charte constitutionnelle. Est-ce ainsi que devrait s’exprimer un roi à peine sorti d’un long exil, où la volonté nationale pourrait le replonger encore, et dont lui-même reconnaît devoir la fin à l’amour de son peuple ? Ah ! qu’ils sont vils ou méchans et perfides ceux qui lui font tenir un pareil langage ! Comment ne voient-ils pas l’indignation qu’il doit faire naître ? Sommes-nous un troupeau d’esclaves destinés à ramper aux pieds de l’idole et trop heureux de n’en être pas même écrasés ? L’empereur lui-même n’aurait pas osé s’exprimer de la sorte, lui, dont le despotisme n’avait rien de sacré, lui, que ses grands talens et une longue prospérité pouvaient étourdir et aveugler.

Mais ne confondons point le roi avec ceux qui abusent de sa confiance. Hélas ! au premier rang il est facile de s’égarer. Comment jugerait-on de la dignité des hommes, quand on n’est entouré que de lâches flatteurs qui oublient et sacrifient à chaque instant la leur ? N’en doutons pas, le roi n’a point prescrit ces formules avilissantes, et si on lui en avait remontré l’inconvenance, il les aurait fait disparaître. Celui qui a placé son auguste frère à la tête de la garde nationale, celui qui n’a pas voulu qu’un lis d’or vînt insulter au modeste lis d’argent, gage d’union et prix du dévouement. Ce roi-là, j’en suis certaine, n’aurait pas flétri le bienfait qu’il venait nous offrir. Unissons nos vœux pour sa conservation, et pour lui obtenir du ciel la faveur de distinguer ses vrais amis, car c’est alors