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Cependant il dure par ailleurs ; il dure même extrêmement à cause de l’oisiveté à peu près forcée où on vit. On n’écrit guère et pas longtemps ; on ne lit pas davantage parce que l’envie n’y est plus. La faim n’y est plus. Manque d’appétit. Ah ! comme nous sommes drôlement faits ! L’occasion toute trouvée nous laisse indifférents, alors qu’en d’autres temps nous prenions tant de peine à essayer de la faire naître. Des livres, des loisirs, choses si souvent désirées, et c’est comme s’ils n’étaient pas là, car il y manque le désir. Ce n’est ni le pain, ni le vin qui comptent : ce qui compte c’est le goût qu’on a pour le pain et pour le vin. Ce qui compte c’est ce dont on est privé, et c’est