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sel, comme au commencement du monde, fait d’air, de pierre, d’eau, de terre, et c’est tout. Et tout est indistinct d’abord, mais déjà le jour vient avec son pinceau. Je regarde, je n’ai qu’à tourner légèrement la tête ; laisser faire et regarder faire. Et je vois le pinceau chargé de couleur se promener, c’est l’eau. Je le vois chargé de noir et de blanc et il met un peu de noir à côté du blanc, un peu de blanc à côté du noir, c’est la montagne. Je le vois enfin, chargé de deux ou trois tons gris, aller plus haut par larges touches, et c’est le ciel. Même pas un oiseau : ils savent bien que dans le haut de l’arbre, ils ne trouveraient rien à manger ; ils sont plus bas, parmi les buis, ou bien ils grimpent le long du