Page:Ramuz - Une main (1933).djvu/68

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Tous les matins, le jour qui se lève assez tard encore (vers les huit heures, guère avant) vient suspendre le même tableau à ma droite dans le mur. Rectangulaire, plus haut que large. Le même tableau, et pas le même. On veut dire que la composition reste pareille et les objets dont elle est faite, on veut dire leur contour ; mais les couleurs et les valeurs y varient continuellement. C’est comme la « Mare aux Nymphéas » (en mieux) et sans nymphéas. Le jour est le peintre. Il change sans cesse lui-même, ce qui fait que les objets qu’il vous présente changent sans cesse eux aussi. On les reconnaît, car ils sont simples et peu nombreux, mais leur contenu