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voit le mouvement du vent se faire, on n’est plus mû par lui, on ne se meut plus contre lui. Il y a arrêt (avant la reprise). L’homme qui fauche lâche sa faux. Quelque part, il y a quelque chose qui se passe, qui est la vie : lui couché de tout son long sur le ventre, dans son pantalon bleu et sa chemise à rayures, ses gros souliers ferrés aux pieds, les bras repliés sous la tête, laisse faire, plus mort qu’un mort.

Le gazon court sent bon le thym. Il est tout velu et doré comme l’abeille et plein d’abeilles. L’alouette bouge très haut dans l’air, quelque part, au bout de son fil.