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C’est-à-dire que ce rien gagne sur ce que je suis. Ma personne, qui est un espace, est envahie sur tout son pourtour. Je ne suis plus que de l’étendue, et cette étendue diminue, de sa périphérie à son centre, avec une grande rapidité. C’est extrêmement agréable et extrêmement désagréable. C’est comme quand le brouillard vient et il submerge autour de vous des choses qui sont vous encore, puis ne le sont plus, vous étant prises une à une. Et au centre il y a l’esprit, qui garde toute sa lucidité. Il est là comme l’araignée au milieu de sa toile, qui s’effilocherait au vent de toute part (c’est le corps) ; mais lui, l’esprit, ne serait pas atteint et résisterait à la destruction. Car,