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privé complètement de cette partie de moi-même, et c’était bien la seule chose que je redoutais. L’autre douleur, qu’on connaît déjà, se supporte. C’est quelque chose comme une rage de dents qui aurait changé de place, avec des instants de répit, puis de soudaines reprises, des ff. et des pp., comme dans toute rage de dents, selon les mouvements qu’on fait ; mais on est averti. Ce qui est insupportable, c’est ce qui est inimaginable, c’est la sensation qu’on a encore jamais éprouvée. C’est l’imprévu et l’imprévisible qu’il y a dans toute espèce d’accident. On peut même ne pas « avoir mal » (au sens physique) : c’est bien pis que d’avoir mal, parce que c’est quelque chose