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trop comment ; le mouvement que je fais me ramène ma main gauche qui était prise sous mon corps. Je la vois et je m’en empare. Elle existe de nouveau. Je la tiens devant moi, pendant que je me mets debout sur un genou, puis sur l’autre. Je la serre jalousement contre moi. Je n’ai pas appelé ; je me tirerai seul d’affaire ; mais surtout que je ne lâche à aucun moment, quoi qu’il arrive, cette main, sans quoi elle va s’évanouir encore une fois ; et la douleur physique n’est rien (du moins pour moi et en ce moment) à côté de cette imminente et immense douleur d’esprit ou douleur d’âme (car comment faut-il l’appeler ?)