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— Oh ! qu’est-ce que vous allez me faire encore, Monsieur P… ?


Dans nos poulaillers du bord du lac, il y a aussi parfois des canards. Les propriétaires prudents leur coupent le bout de l’aile (non pas le bout des deux, mais le bout d’une seule, n’opérant à dessein que d’un seul côté) ; alors la bête est toute déséquilibrée. Ils savent ce qu’ils font. Le canard est la bête la plus pataude qu’on puisse voir, la plus lente, la plus empruntée, la plus domestiquée également en apparence, de sorte qu’on n’imaginait même plus qu’elle pût voler, mais méfiez-vous ! Il suffit, un matin, d’un mystérieux appel venu du haut des airs,