Page:Ramuz - Une main (1933).djvu/131

Cette page a été validée par deux contributeurs.

la route et qu’on peut voir, ni même avec son seul bruit dans le fond de l’air. Pas une voix nulle part dans les vignes et dans les jardins ; les chemins sont muets sous les pas comme dans une maison pleine de tapis. C’est le silence qui nous réveille le matin. On était habitué à entendre quelque chose, et ce quelque chose qui manque vous tire de votre sommeil. Alors on voit que deux grosses branches, les plus belles, ont cassé dans le haut du cèdre, pendant la nuit. Celles du bas touchent à terre. Elles cèdent peu à peu sous le poids comme la tête d’un enfant qui a envie de dormir : un peu, puis un peu plus, puis encore plus, avec des secousses, des essais de redres-