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deviennent raides, le coude s’engourdit, l’épaule s’immobilise. Nous ne travaillons qu’obligés. Donnez-lui seulement un mois de repos, voilà que votre bras ne veut plus travailler : il a pris goût à ne rien faire. Je regarde comiquement cette partie de moi-même, parce qu’elle n’est plus moi. Elle a sa vie, qui n’est plus la mienne. Elle a sa volonté à elle, elle n’obéit plus à ma volonté. Je lui commande de se plier ; c’est comme si l’ordre lui était transmis par téléphone et que le fil fût rompu. Elle ne bouge pas, elle m’ignore. Ou bien le mouvement qu’elle fait n’est pas celui que j’attendais. Un grain de sable : et rien ne joue. Et l’esprit alors est sans pouvoir, et le centre agissant