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que nos bonheurs ne peuvent être que désintéressés. Avoir n’est rien, être est tout. Être parmi tout ce qui est. Je vais, je viens ; le jour baisse encore ; déjà les merles gagnent en criant les épaisseurs noires du lierre qui pendent à l’angle du vieux mur. Je vois que le vrai rapport est de ce qu’on est à ce qui est, dans le contact de l’homme tout entier à la chose tout entière (et ensuite si possible faire en sorte qu’on puisse le communiquer, ce contact). Je peux contempler l’action avec volupté : en tant qu’action, elle me reste étrangère. Il y a un point qu’il faut atteindre, et on n’y atteint que rarement, qui est l’état d’adoration : alors survient la plénitude, et elle est brève,