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le travail, ni dans ce que le travail apporte, ni aucune de ses sanctions intérieures ou extérieures, jamais et encore jamais. Toute sa vie, on va, on fait ; et c’est toujours comme si on n’avait pas avancé, comme si on n’avait rien fait. Je pense à toutes les fausses consolations qui mises ensemble font la « morale » ; économiser, faire sa tâche de chaque jour, y persévérer, avoir des enfants, leur laisser une fortune ou un nom : qu’est-ce que c’est ? qu’est-ce que ça veut dire ? Jamais rien de ce que j’ai eu n’a compté. Toutes mes joies ont été dans le rapport de moi qui suis, non à ce que j’ai eu, mais à ce qui est. L’homme est né pour la contemplation. Tous mes bonheurs me sont venus de là, c’est-à-dire