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mais c’est en vous empoisonnant. On voit que ce que tout malade attend sans se le dire, sans se l’avouer à soi-même, sans même se le formuler, c’est un miracle. Le miracle ne se produit pas. Et le malade s’en prend au médecin. Il devrait s’en prendre à l’homme, à l’homme qu’il est lui-même, et aux hommes que les autres sont. Car nous sommes mal faits, ou bien c’est le monde qui est mal fait. Le monde n’est pas fait à la mesure de nos espoirs ; nos espoirs ne tiennent pas compte des possibilités du monde. Il y a ce qui est (que nous oublions constamment) ; et il y a ce que nous voudrions qui fût, dont nous faisons sans cesse au contraire une espèce de réalité ; et sommes