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trouver place parmi nous quand elle est ainsi poursuivie ? parce qu’il était entré enfin, on se le rappelle, il avait été s’installer sur la terrasse, il avait commandé un demi-litre que Milliquet lui apporta.

Il but son demi-litre.

Il a été acheter des cigarettes à la boutique, il revint avec son paquet qu’il pose debout sur la table devant lui ; et puis il avait dit à Milliquet :

— Où est votre nièce ?

Milliquet lui tourne le dos, lui : « Ah ! c’est comme ça ! »

Et à la petite servante : « Allez me la chercher ! » mais la petite servante a ri. « Ah ! c’est comme ça !… » Il avait été boire dans le café qui est près de la station du chemin de fer.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

On entendait des voix sous la fenêtre :

— Moi, je voyais bien qu’il avait ouvert son couteau ; il y avait un moment déjà que je le guettais… Mais qu’est-ce qu’il fallait faire ?

— Bien sûr.

— On ne pouvait pas savoir, on peut toujours avoir quelque chose à couper, par exemple un ongle trop long, une verrue, un lacet de soulier…

— Bien sûr.

— D’ailleurs remarque bien que ce n’est pas tellement à l’homme qu’à l’instrument qu’il en voulait. L’homme, le Savoyard ne l’a pas touché…