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ment grandi : trois murs et ces cinq ou six tables, et ceux qui se tenaient assis autour des tables, Milliquet allant et venant, Marguerite la petite servante allant et venant, puis on voit Milliquet qui lui parle.

On voyait les couleurs ; on voyait bien les mains, les épaules, le dessus des têtes avec des chapeaux de feutre, des chapeaux de paille, des casquettes ; il y avait là douze ou quinze personnes ; on voyait que le Savoyard n’était pas là, puis que le Savoyard est revenu.

C’était un peu après que le patron avait parlé à Marguerite, et maintenant elle non plus n’était pas là, de sorte que Milliquet avait beaucoup à faire, passant continuellement de la salle à boire à la terrasse. Marguerite avait vite grimpé ces deux étages (pendant qu’on a entendu la porte de Mme Milliquet s’ouvrir et rester ouverte)…

Elle avait heurté.

— Le patron vous fait dire de descendre.

— Non.

— Et il y a aussi le Savoyard qui a demandé après vous. Je lui ai dit que vous ne vouliez pas venir…

La petite Marguerite avait heurté, elle avait dit tout bas : « Mademoiselle, c’est moi », elle était entrée. On voyait que la grande valise de cuir avait été ouverte et, plus loin, derrière les croisées, que les contrevents de bois plein étaient fermés. La petite Marguerite était d’abord restée debout sur le pas de la porte dans sa robe noire à pois blancs ; tout à coup :