Page:Ramuz - La beauté sur la terre, 1927.djvu/61

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ceau sur les planches, commençant par le haut des planches pour éviter les coulures ; et rapidement tout changeait d’aspect, le côté de devant de la remise n’étant déjà plus reconnaissable.

Maintenant il s’était attaqué au côté nord, expliquant de nouveau la chose aux gens qui venaient voir et pendant qu’il y avait tout autour du seau sur les galets de larges taches rondes comme quand il commence à pleuvoir avant un orage.

Il faisait beau dans le monde, seulement il faut quelquefois longtemps pour s’apercevoir qu’il y fait beau.

— Et n’est-ce pas ? on finissait par vivre dans la cochonnerie et dans la saleté… Heureusement encore qu’on s’y est pris à temps…

Il faisait entrer son ongle dans le bois dont il soulevait une écaille : « Ça commençait à pourrir, » disait-il aux gens qui étaient venus, mais ce fut elle qui vint ensuite ; et, elle, il ne s’attendait pas à la voir venir, ni si vite et, à vrai dire, un peu trop vite ; là a été la grande surprise pour lui, pendant qu’il était tout occupé à ses travaux particuliers.

Ses travaux n’étaient pas finis, mais c’est qu’il n’aurait jamais cru que Milliquet la laisserait venir ; et, en effet, il y avait fallu une circonstance particulière, celle d’un coup de téléphone par lequel des messieurs avaient commandé dans l’après-midi une friture pour le soir même. Milliquet, pris de court, n’avait eu qu’elle sous la main.