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alors il faut imaginer que la porte était restée ouverte. Et Décosterd n’était plus là. Il faut imaginer comment Rouge va à cette porte qu’il bouche vers les deux tiers de sa hauteur, et on a vu courir sur les épaules de Rouge les premières crêtes blanches qui allaient d’un mouvement régulier de l’ouest à l’est. Rouge va sur le pas de la porte, puis s’avance un peu plus encore sur la grève ; on le voit qui tourne la tête. Il tourne la tête tout à coup du côté de la falaise, comme si on l’appelait. Il crie alors :

— Qu’est-ce qu’il y a ?

Le bossu avait regardé Juliette ; elle avait sauté à bas de la table.

Elle a été debout sur ses deux pieds, puis s’avance à son tour hors de la maison, et voit Rouge qui s’est mis à aller du côté où on l’appelait. C’était Décosterd qui appelait. Décosterd lève là-bas un bras, puis les deux. Rouge se hâte davantage.

Le bossu n’avait pas bougé de sa place. Elle, elle s’est avancée jusqu’à mi-chemin entre la porte et l’eau ; là, elle fait halte dans le vent qui enroule sa jupe autour de ses jambes comme la ficelle d’un fouet autour de la toupie. Elle voit Rouge qui venait d’aborder Décosterd. De nouveau, Décosterd faisait des gestes. Rouge écoutait. On l’a vu ensuite hausser les épaules. Tout à coup, Rouge s’est retourné, il a aperçu Juliette. Il a eu encore un instant d’hésitation, puis il fait brusquement demi-tour. C’est lui maintenant qui appelle :