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— Voyons, Monsieur Je sais tout, c’est bien le bon, cette fois-ci ?

Un signe de tête.

— Vous êtes sûr de ne pas vous tromper ?

Un signe de tête.

— Eh bien, Monsieur Je sais tout, vous savez maintenant ce que vous avez à faire.

L’oiseau vient à elle, l’oiseau l’a saluée à trois reprises ; et l’homme :

— Mademoiselle, c’est pour vous…

Elle tend la main.

— Mesdames, Messieurs à qui le tour ?

Et il y a autour d’elle une grande curiosité, mais elle enfonce le carré de papier sous son gant de coton, se détourne, s’en va.

11 y a tout plein l’air de musiques, de bruits, de voix, tout plein l’air de choses qui brillent, bougent, tournent ; il y a trop de choses partout, elle sent le papier contre sa peau, elle n’ose pas encore, elle quitte le chemin.

À présent, elle est dans le verger, elle est dans l’herbe, sous les arbres.

Elle voyait aux cerisiers déjà changés de couleur l’absence des cerises, mais elle voyait dans les pommiers et les poiriers une promesse prochaine de beaux fruits. Mon Dieu ! peut-être… Est-ce qu’on sait, est-ce qu’on sait jamais ? Elle a écarté l’ombre sous les branches basses,