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bout d’une baguette qu’elle regarde, qui frappe trois coups ; puis : « Attention ! Monsieur Je sais tout, êtes-vous prêt ? »

L’oiseau est venu se poser sur le perchoir derrière la porte de la cage, il devient de plus en plus grand, lui aussi. Il ne bouge plus. Trois coups de nouveau. La baguette va en avant, la baguette ouvre la porte. On se pousse derrière Émilie pour tâcher de voir ce qui va se passer et une voix de petite fille : « Tu vois, maman, le petit oiseau, oh ! comme il est drôle, oh ! qu’est-ce qu’il fait, maman ? Pourquoi est-ce qu’il prend comme ça les billets avec son bec ? » Puis une grosse femme : « On dirait tout à fait qu’il a sa connaissance. » Et c’est vrai, parce qu’il regarde encore Émilie, il la regarde de côté avec son petit œil tout rond qui brille, puis, vivement, du bec, il s’est emparé d’un des billets, c’est un rose, mais ce n’est pas le bon sans doute, parce qu’il le jette en l’air d’un brusque coup de tête, puis c’est un blanc. Mais ce n’est pas le bon non plus :

— Est-ce qu’il va se décider ?

— Ah ! c’est malin, ces bêtes-là !

— Ah ! ça y est cette fois ? Non…

Qui est-ce qui parle ? où est-ce qu’on parle ? pendant que l’oiseau, à présent, tient dans son bec un papier gris et on a vu qu’enfin ça y était, parce qu’il est venu en sautillant se poser sur la main de son maître.