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leur compte fussent conformes à la vérité ; tout au plus, donc, l’histoire aurait-elle pu faire causer encore un peu et puis elle aurait été oubliée… Mais, qu’est-ce que vous voulez ? Milliquet avait porté plainte… »

On voyait ce café désert, cette terrasse aux tables décidément trop grandes et d’un vert trop voyant ; on voyait Milliquet tourner autour. On voit encore, ce samedi-là, qu’un orage se prépare (il a éclaté dans la soirée). Les hommes ont parlé un peu devant les portes où ils étaient en train de faire aller le balai, comme de coutume, pendant que, s’ils avaient des filles, celles-ci se préparaient, et, s’ils avaient des garçons, les garçons faisaient de même. C’est des fêtes qui durent plus ou moins officiellement du samedi au lundi soir ; alors, pour ce qui est du bétail à soigner, les fils s’arrangent avec leur père ; pour ce qui est du ménage, les filles s’entendent avec la mère. Puis elles peuvent aller dans leur chambre se faire belles, ayant d’abord été chercher à la fontaine un plein seau d’eau pour leur toilette. Et les garçons prennent dans le tiroir leur rasoir avec de la poudre de savon. Le temps lourd faisait trouver bon de quitter son vieux linge pour en mettre du propre, une chemise blanche ; ou une de ces robes de mousseline de rien du tout avec point de chemise (quelquefois, c’est la mode, ou aussi peu de chemise que possible). On met une robe blanche ou rose, une robe de mousseline ou