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XIII


Elles étaient les trois, Madeleine, Marie et Hortense ; elles étaient trois filles avec deux corbeilles.

Elles allaient au-dessus du ravin de la Bourdonnette sous les grands sapins, et, de temps en temps, se mettant à genoux, elles tiraient sur la mousse qui venait par plaques. C’était le vendredi soir. Elles tiraient sur les plaques de mousse, puis les rangeaient à plat dans les corbeilles qu’elles empoignaient ensuite par l’anse ; mais quelquefois les troncs trop rapprochés les forçaient d’aller l’une derrière l’autre, tandis qu’ailleurs au contraire ils poussaient séparés par une grande distance avec leurs énormes colonnes où il y a une poix blanche qui coule comme quand une bougie brûle mal. On fait la cueillette de la mousse pour les guirlandes et on est trois filles et point de garçons, parce qu’ils ont tous été retenus à la Fleur-de-Lys par les clous à planter, les fils de fer à tendre.

Au-dessous d’elles, il y avait le bruit de l’eau. Juste à côté d’elles, commençait la belle pente verte et rouge, avec ses