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n’est pas venu, et on ne vient pas. Ah ! il n’y a personne, et il fait mouillé, noir, dans l’air ; il fait noir sur la falaise où il lève maintenant les yeux, et où il n’y a personne entre les buissons épineux, les petits chênes, les touffes de saponaire à fleurs violettes, et aux hautes tiges ; personne non plus là-haut sur ce bord frangé de mousse, dans cette mousse dont on voit pendre les franges entre deux troncs penchés dont le branchage est dans le ciel.

Il a regardé encore partout, longtemps.

Et c’est longtemps après, comme il s’en revenait, mais il n’a pas deviné d’abord que c’était elle.

Il a vu Bolomey, il a vu seulement qu’il y avait quelqu’un avec Bolomey.

Bolomey va à la rencontre de Rouge ; elle, elle attendait plus loin dans la veste trop large pour elle et qui avait des boutons de métal sur lesquels on voyait des têtes de sanglier.

Elle attendait, lui ne l’avait pas reconnue ; puis on voit que Bolomey l’a abordé ; alors tout à coup Rouge lève la tête.

On l’entend qui a dit à Bolomey :

— Combien en as-tu, de ces fusils ?

Il avait regardé à terre longuement, puis brusquement avait levé la tête ; il pose la question.

Il recommence :

— Il te faut m’en prêter un. On pourrait en avoir besoin.