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Il a été lui chercher une autre navette.

Elle prenait sa place parmi nous, elle avait parmi nous sa place toute prête. On ne lui en aurait pas trouvé une qui pût mieux lui convenir.

Il était venu avec une seconde navette, ensuite ils ont été les deux qui se penchaient ensemble, les cheveux noirs et la casquette ; puis cette autre casquette est venue s’en mêler, celle de drap gris de Décosterd, ce samedi-là.

Le lendemain, ils se reposeraient. Rouge avait dit à Décosterd :

— Demain tu ne viens qu’à huit heures…

Il avait arrangé la journée avec Décosterd :

— Demain repos. On ne pêche plus le dimanche. Il faut la laisser dormir, puisqu’à présent les autres jours elle va venir avec nous et ça en fera déjà six de suite… À huit heures au plus tôt. Huit heures ; huit heures et demie…

Décosterd avait fait comme on lui avait dit. Il était près de huit heures quand Rouge s’est réveillé. Elle dormait encore. Il marchait sans bruit dans ses pantoufles. Il va sur le pas de la porte qu’il entr’ouvre ; il voit qu’il fait beau. Il voit ensuite Décosterd qui arrive et on voit que Décosterd tient quelque chose à plat sur sa main, marchant avec précautions, une miche sous l’autre bras. Rouge va à sa rencontre :

— Qu’est-ce que tu as là ?

Décosterd :

— C’est une surprise.