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d’argent (celles de bronze sont rarement représentées), s’ennuyaient sur le papier du mur dans leur cadre ou à leurs ficelles passées dans des œillets de laiton.

Ce fut la petite bonne qui reçut Rouge ; tout de suite elle lui avait dit :

— Oh ! est-ce vrai ce qu’on raconte ? Est-ce vrai qu’elle est chez vous ? Tant mieux !

Et Rouge n’avait pas été très content de la question, et il eût autant aimé ne pas avoir à y répondre, s’étant assis à sa place ordinaire ; mais elle :

— Et puis dites-lui bien, s’il vous plait, que je n’ai pas pu l’aider hier soir, comme j’aurais voulu ; j’aurais tellement aimé pouvoir descendre, il n’y avait pas moyen.

— Est-ce que Milliquet est ici ?

— Et j’aurais eu beau essayer de l’appeler par la fenêtre, elle n’aurait pas pu entendre…

Mais Rouge reprend : « Et Milliquet ? »

— Oh ! il vient de rentrer… Et, oh ! vous n’avez pas vu dans la valise, les belles choses ?…

— Il vient de rentrer d’où ?

— Il a été chercher le médecin pour sa femme.

— Qu’est-ce qu’elle a ?

— Je ne sais pas. Je crois que c’est le cœur qui ne va plus…

— Vous ne pourriez pas aller lui dire que je suis là.

À ce même moment, Milliquet était arrivé.

Il est resté debout devant la porte avec sa mauvaise figure,