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de fleurs peint dessus ; c’est le matin, elle gonfle sa poitrine, elle respire lentement, tant c’est bon, l’air qui est comme de l’eau fraîche ; — voilà alors Décosterd qui arrive.

Rouge venait de mettre l’allumette sous le lait.

C’est à présent Décosterd qui arrive et regarde Juliette en passant sans rien dire, ayant sous un des bras la miche, tenant dans l’autre main comme un livre la demi-livre de beurre enveloppée de papier blanc.

— Ah ! c’est toi… Il te faut té dépêcher. Prends toujours les tasses…

Rouge a oublié qu’elle peut entendre :

— Ah ! mon Dieu, c’est qu’on n’a point de nappe !

— Bien sûr que non.

— Il faudra en acheter une… Et tâche de trouver une assiette propre pour le beurre.

Le même jour, il avait été chez Perrin pour lui demander de venir l’aider à poser le toit ; il avait été à la tuilerie commander les tuiles ; enfin, et en troisième lieu, il est allé chez Milliquet, tenant à régler sans plus de retard la situation de Juliette, ce qui n’allait peut-être pas être si facile.

Car est-ce qu’on sait que faire de la beauté parmi les hommes ?

Déjà le matin, quand Décosterd était arrivé à la laiterie, et c’est l’heure où les domestiques dans les fermes se relèvent de dessus le tabouret à un pied qu’ils s’attachent avec une